Rejet de la motion populaire sur le salaire minimum
Le groupe UDC a pris connaissance de la motion des députés Xavier Ganioz et Benoît Rey pour l’instauration d’une loi sur le salaire minimum. Dans sa réponse, le Conseil d’Etat rappelle à bon escient le résultat du vote sur l’initiative fédérale pour un salaire minimum, ou 3 fribourgeois sur 4 avaient refusé cette initiative.
Quant aux initiatives cantonales, les cantons qui ont voté, ont très majoritairement voté non. Seul le canton de Neuchâtel a instauré un salaire minimum de CHF 20.-, dans un contexte social très différent du nôtre comme le rappelle également le Conseil d’Etat. L’instauration d’un salaire minimum à CHF 22.- de l’heure ne permettra nullement de lutter contre la pauvreté, comme le pense les motionnaires. Bien au contraire. Là où il existe, notamment chez notre grand voisin français, le salaire minimum devient très souvent le salaire de référence dans toutes les branches. En France, un jeune est généralement embauché au SMIC, indépendamment de ses compétences professionnelles ou de ses expériences passées. Un salaire minimum créé en fait un nivellement vers le bas des salaires.
Dans notre système suisse où beaucoup de travailleurs sont régis par une convention collective de travail, le risque existe alors que le salaire minimum devienne le nouveau salaire de référence dans des CCT renégociée. Où pire encore, qu’il n’y ait plus de raison de négocier de nouvelles CCT. A coup sûr, cela se ferait au détriment de ces mêmes travailleurs.
A cela s’ajoute le fait qu’un salaire minimum à CHF 22.- de l’heure serait inévitablement un encouragement au travail au noir dans certaines branches. L’automne passé, notre Grand Conseil a donné un signal clair contre le travail au noir. Une loi est par ailleurs en consultation à cet effet. Par conséquent, ne créons pas maintenant une contre législation qui détruirait les efforts que nous menons pour lutter contre ce fléau.
Je terminerai néanmoins sur un constat partagé avec les motionnaires. Il est vrai que depuis plusieurs années les salaires stagnent, et qu’évidemment il existe une pression accrue sur les salaires. Mais cette réalité est d’abord et surtout, la conséquence de la libre circulation des personnes. C’est d’ailleurs l’objectif, « inavouable », d’EconomieSuisse, que d’aligner peu à peu les salaires suisses sur les standards européens. Permettez-moi de penser que maintenant que les suisses ressentent les effets de cette politique, dans leur quotidien professionnel, il sera bon qu’ils puissent à nouveau se prononcer à ce sujet.